• American Horror Story saison 4, le musée des horreurs de Ryan Murphy. Un Freak Show plus que réussi.

     

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    Série phare de la chaîne FX, American Horror Story a fait son grand retour avec une saison 4 encore plus barrée, entre femme à deux têtes et clown tueur. On retrouve les piliers des saisons précédentes : Jessica Lange bien sûr, mais aussi Sarah Paulson, Evan Peters et Denis O’Hare. Une nouvelle saison centrée sur l’univers des freaks, ces êtres exclus de la société du fait de leur difformité physique. Autour de ce cirque monstrueux plane la menace d’une expulsion, alors que rôde dans la petite ville de Jupiter un clown effrayant au sourire de Joker, qui assassine violemment les habitants de cette bourgade tranquille de Floride.

     

    PLUS QU’UNE INTRIGUE, UNE ESTHETIQUE UNIQUE

    AHS se déroule cette fois en 195 à Jupiter, petite ville tranquille de Floride. Alors que le marché du Freaks show bat de l’aile, Elsa Mars (Jessica Lange), expatriée allemande, obsédée par une gloire illusoire, croit encore au succès de sa petite troupe monstrueuse : on y rencontre Ethel Darling, femme à barbe vouée corps et âme à Elsa, son fils Jimmy, aux mains difformes, qui pour se faire un peu d’argent donne du plaisir à des housewives délaissées par leur mari, ou encore Ma Petite, femme la plus petite du monde. Un Freak show inquiétant donc, mais pas tant que ça, au vu de ce qui rôde en ville : un clown tueur en série, tout droit sorti de nos pires cauchemars. Entre monstruosité physique et réelle, la barrière du bien et du mal s’efface, s’assouplit. Le petit marché des horreurs remue nos peurs paniques et irrationnelles.

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    Comme d’habitude, AHS mise tout sur la forme. Le contenu, sans être dénué d’intérêt, reste secondaire. On est plus dans un exercice de style que dans une véritable narration. L’époque et l’originalité du sujet (jamais véritablement abordé, si on y pense, à part le mythique Freaks de Tod Browning) permettent des innovations esthétiques et techniques qu’AHS exploite au mieux. Le cas des sœurs siamoises Bette et Dot Tattler, interprété avec brio par Sarah Paulson en est un bon exemple. Emprisonnées dans un corps unique, et pourtant radicalement différentes (La rigide Dot, responsable, méfiante et l’enfantine Bette, facilement influençable, fleur bleue et capricieuse), AHS utilise la technique du split screen (écran séparé) pour traduire la vision propre à chacune. Adepte des plans rapprochés sur la terrible mais attachante Elsa Mars, jouée par une Jessica Lange magnétique qui manquera sans aucun doute aux prochaines saisons (elle a annoncé que cette cinquième saison serait la dernière pour elle), la série joue à nous montrer la monstruosité de près, qu’elle soit réelle ou cachée.

     

    LA PATTE DE RYAN MURPHY

    American Horror Story, c’est l’idée géniale du créateur de Ryan Murphy (Nip/Tuck, Glee). Or, cette saison d’AHS est sans doute celle qui lui ressemble le plus. Freakshow traite du souci de l’apparence physique, de déformations de la nature, à la lumière des patientes botoxées des chirurgiens esthétiques McNamara et Troy. L’attirance/répulsion face au monstrueux, mais aussi la mise en spectacle de ces êtres exclus socialement, est une autre obsession de Murphy, qui excelle dans la représentation de ces misfits, inadaptés sociaux qui refusent l’étiquette qu’on leur impose.

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    Bref, American Horror Story : Freak Show s’annonce bien ! La season premiere a attiré un peu plus de 6 millions de téléspectateurs, enregistrant sa meilleure audience. L’épisode 2, diffusion prévue le 15 octobre, annonce l’arrivée de nouveaux freaks… The show must go on !

     

     


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  • Gotham, la rencontre de Bruce Wayne et de l’inspecteur Gordon. Un pilote accrocheur à l’esthétique soignée.

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    Adaptée du DC comic « Gotham Central » d’Ed Brubaker, la nouvelle série phare de FOX vient concurrencer Marvel et ses Agents of S.H.I.E.L.D. Et il s’agit là d’une rivale plus que sérieuse : acteurs parfaits, pilote qui en dit beaucoup sans en dévoiler trop, image agréable à l’esthétique bande-dessinée, Gotham se classe parmi l’un des meilleurs pilotes de ce début d’automne, et démarre avec une audience d'environ 8 millions de spectateurs aux US.

    BRUCE WAYNE, JIM GORDON : LA RENCONTRE DECISIVE

    Après un début d'épisode laborieux, où l'on assite, pour la énième fois, à l'assassinat des parents de Bruce Wayne dans une ruelle sombre de Gotham, l'impression de déjà-vu disparaît rapidement et laisse place à la découverte de nouveaux protagonistes, les bons et les méchants, tous liés, de près ou de loin, à l'événement meurtrier. Le mal ronge les rues de Gotham, constamment plongée dans un brouillard froid et lourd (la série est tournée à Manhattan) où police et mafia travaillent main dans le main.

    Le sensible et honnête inspecteur Gordon (Ben McKenzie -le Ryan de Newport Beach- plus que convaincant en jeune bleu décidé à vaincre la corruption) promet à l'enfant Bruce Wayne de retrouver le meurtrier de ses parents, alors que son partenaire, l'inspecteur Harvey Bullock (Donal Logue, vu dans Urgences, Vikings) cherche à clore l'affaire au plus vite. Le duo Wayne-Bullock fonctionne à merveille, du fait du talent des deux acteurs, mais aussi des personnalités opposés de ces deux inspecteurs, l'un blanc comme neige, l'autre flirtant avec la mafia. Un de ces duos antagonistes donc, à l'image du couple Wassermann-Roebuck de Tunnel ou encore Hardy-Miller de Broadchurch. C'est que certaines recettes ne s'épuisent pas !

     

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    LES FUTURS ENNEMIS DE BATMAN REPONDENT A L'APPEL

    Du sadique Pingouin (Robin Lord Taylor, éblouissant) à l'effrayante Fish Mooney (Jada Pinkett Smith) en passant par le parrain de la mafia Carmine Falcone (John Doman), le pilote introduit déjà les principaux "méchants" de l'histoire, futurs rivaux de Batman. Une introduction tout en beauté, qui plus est. On aurait pu craindre une tendance à la carcicature, à l'exagération des traits dans une volonté d'imiter le comic papier. Cependant, le pilote parvient à nous convaincre avec peu : on n'est pas dans la perfection esthétique de Sin City, ni dans la débauche de moyens des derniers Batman. Dans le même temps, on est loin de la série un peu cheap qui aurait eu les yeux plus gros que le ventre. Gotham a beaucoup de potentiel, et le second épisode (sortie le 29 septembre) sera décisif dans l'orientation de l'intrigue. 

     

     Dans le combat que se livre Marvel et DC Comics, ABC et FOX, Gotham s'annonce comme un atout majeur de l'équipe DC Comics-Fox dans la production de séries. Reste à voir la réponse de Marvel avec la sortie, en janvier 2015, d'Agent Carter. Pour les puristes qui refusent téléchargement et streaming, Gotham sera vraisemblablement diffusée sur TF1, dans un futur (sans doute) lointain...


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  • Breaking Bad, une drogue dure à consommer... Sans modération !

     

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    Née en 2008 sur la chaîne câblée AMC, le dernier épisode de la série a été diffusé en septembre 2013 après une cinquième et ultime saison riche en rebondissements. Le dernier épisode bat des records d’audience, le show croule sous les récompenses (seize Emmy Awards au total, le Golden Globe de la meilleure série télévisée cette année) et pourtant certains restent sceptiques, refusant de regarder une série dont la popularité ne serait pas nécessairement gage de qualité. Sacralisée par les médias, adoubée du public, la frénésie Breaking Bad n’est-elle pas un phénomène de mode ? Quelles sont les raisons de cet engouement autour de la « meilleure série de tous les temps » ?

    UN SUJET ORIGINAL : LE VOYAGE INITIATIQUE DE DEUX LOSERS

    Breaking Bad partait déjà avec un avantage de taille : l’originalité de son pitch. En suivant les déboires d’un prof de chimie mal dans sa peau, Walter White (Bryan Cranston, le père de Malcolm, vu plus récemment dans les films Drive et Argo), qui se lance dans le trafic de drogue pour subvenir aux besoins de sa femme Skyler (Anna Gunn) et de son fils handicapé Walter Jr (RJ Mitte), le créateur de la série Vince Gilligan se lançait dans un projet à la fois ambitieux et risqué. 

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    Surdiplômé mais socialement déclassé, Walter mène une vie banale, minée par des difficultés financières. C’est lorsqu’il apprend être atteint d’un cancer des poumons incurable que le personnage de Walter va se métamorphoser : du dominé il va devenir dominant. Observant son beau-frère, le dur à cuire Hank (Dean Norris, tient un rôle principal dans Under The Dome), agent de la DEA (Drug Enforcement Administration), qui traque avec assiduité les labos de méthamphétamine du Nouveau Mexique, Walt va décider, n’ayant plus rien à perdre, de mettre à profit ses talents de chimiste. Renouant contact avec un de ses anciens élèves, le jeune délinquant Jesse Pinkman (Aaron Paul), les deux hommes qu’a priori tout oppose vont se lancer dans la quête d’une « meth » tellement pure que tout le monde ne tarde pas à s’arracher. Rapidement confrontés aux barons de la drogue, de Krazy 8 à l’ultra-violent Tuco, l’association au premier abord bancale de ce prof mourant et de cet ado en perdition va les mener à une lutte sans merci pour le contrôle d’un marché plus que lucratif.

    DES PERSONNAGES A CONTRE COURANT

    Walt et Jesse, anti-héros de base, font d’abord figure de comiques dans ce trafic où ils ne semblent pas pouvoir trouver leur place. Et puis Walt devient Heisenberg, mystérieux producteur de cette drogue d’exception. A partir de ce moment, le malade se métamorphose littéralement, tuant pour sauver sa peau et celle de son partenaire. Sa double vie le change du tout au tout, affectant sa vie de famille. L’excitation de cette vie secrète, du gain facile, vont jusqu’à lui faire oublier son objectif initial. Avide d’argent et de pouvoir, Walt devient progressivement l’un de ces mafieux sans âme. Jesse, contre toute attente, s’avère être le plus faible de l’équipe. Abandonné par ses parents, junkie, personnage attachant qui voit successivement son ami dealer et sa petite-amie héroïnomane mourir, en partie par sa faute.

    Walt évolue dans un contexte familial compliqué. Sa femme, son fils, sa belle-sœur et son beau-frère forment un étau étouffant autour du malade, mélange d’amour fraternel et de rivalités cachées. Hank, rival affectif de Walter (il a tendance à prendre Walter Jr pour son propre fils) représente pour notre chimiste un autre danger, puisqu’il est déterminé à arrêter Heisenberg. Marie, sa femme, cleptomane, partage les soupçons de Skyler quant au comportement de plus en plus étrange de Walt. Bref, on l’a compris, Walt est loin d’être sorti d’affaire, et c’est tant mieux !

     

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    Il est donc difficile de ne pas céder au syndrome Breaking Bad, une série qui ne cesse de s’améliorer au fil des saisons. La cohérence du scénario, le jeu des acteurs, la justesse des dialogues en font une fiction à la fois réaliste et complètement barrée. Surtout, c’est l’intelligence d’une série réfléchie qui fascine : comment ces deux exclus que sont Walt et Jesse peuvent-ils aussi facilement passer du côté obscur ? Breaking  Bad remet en question la morale d’une société capitaliste où l’argent fait tout et menace une morale en voie de disparition.


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  • Masters Of Sex saison 2 : Bill et Virginia, together or not ?


    Alors que la première saison s’était terminée en beauté (Bill avouant ses sentiments à Virginia, le soir même de l’accouchement de sa femme), on attendait cette nouvelle saison de pied ferme. Michelle Ashford, créatrice de la série, a fait le choix judicieux de reprendre l’intrigue (presque) là où elle l’avait laissée.

     

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    Quelques semaines sont passées, et Bill et Virginia sont devenus les phénomènes de foire de l’hôpital universitaire de St-Louis. Leur étude sur la sexualité est loin d’avoir plu à leurs confrères puritains, choqués d’une telle « pornographie ». Si le docteur Masters est immédiatement renvoyé, Virginia conserve son emploi de secrétaire chez la très sérieuse (et seule amie) Dr Lillian DePaul. Harcelée par ses supérieurs masculins, ignorée par ses anciennes collègues, Virginia se retrouve somme toute dans une situation encore plus précaire que Bill, contrainte pour nourrir ses enfants de vendre des ‘diet pills’ au réfectoire de l’hôpital.

    L’épisode s’ouvre sur un flashback : Bill passe aux aveux sous le porche d’une Virginia ébahie, alors que Libby accouche. Un Dr Masters dans toute sa splendeur donc, ce qui laisse présager des lendemains difficiles pour sa femme et leur tout jeune fils, dont le docteur semble vouloir nier ouvertement l’existence (voir la scène, dérangeante, où Bill seul chez lui augmente le son de la musique afin de ne pas entendre les pleurs du bébé). Le comportement indifférent, parfois franchement méchant de ce personnage est contrebalancé par ses moments de clairvoyance et de gentillesse, comme lorsque Barton, ancien chef de l’hôpital, décide de « guérir » de son homosexualité en s’administrant des électrochocs. Bill, en ami patient, l’accompagne au centre psychiatrique, assurant à Barton qu’il ne s’agit pas d’une solution et qu’il ne peut lutter contre ses désirs.

     

     

    En fait, Masters Of Sex est une série sur le non-dit, sur les convenances et la morale imposées par la société des années 1950. Bill et Virginia ont une liaison, mais préfèrent encore y voir un prolongement de leur étude. Barton est homosexuel, mais sa volonté de combattre sa « déviance » le mène à une tentative de suicide. Forcés par le poids de la norme, les comportements des personnages sont éternellement ambivalents : tout se fait, mais rien n’est exprimé clairement, rien n’est avoué. C’est dans la mise en scène de cette retenue que la série excelle.

    Si elle promet d’être centrée sur la relation entre Bill et Virginia, cette seconde saison s’articule également autour de personnages secondaires complexes : le couple Barton/Margaret d’abord, porté par un duo d’acteur remarquable. On retrouve aussi le Dr Lilian DePaul, féministe avant l’heure, ou encore l’ex-prostituée Betty, qui jouera un rôle majeur dans la prochaine étude de Masters et Johnson...


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  • Extant, où la rencontre (du troisième type) entre Alien et A.I Intelligence artificielle. Du bon et du moins bon.

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    Produite par Steven Spielberg et menée par Halle Berry, Extant fait figure de poids lourd dans la production estivale des séries US. L'audience était au rendez-vous mercredi soir, même si les spectateurs américains lui ont préféré le lancement de la saison 2 d'Under The Dome sur ABC. De quoi s'assurer un démarrage confortable, d'autant que le pilot pose beaucoup de questions qu'il laisse (bien évidemment) en suspens.
     

     
    Si la série se distingue en premier lieu par les moyens mis en oeuvre pour sa réalisation (on croule sous les écrans ultra-plats et autres gadgets futuristes, les décors sont esthétiquement parfaits), elle est loin d'être innovante tant elle est truffée de références cinématographiques. En effet, Extant a un sérieux goût de déjà-vu : dans un futur proche, l'astronaute Molly Woods (Halle Berry) rentre enfin chez elle après 13 mois de mission solo dans l'espace. Elle retrouve son mari, John Woods (Goran Visjnic) et son fils Ethan (Pierce Gagnon, génial en petit garçon apathique), qui se trouve en réalité être un humanoïde (donc un robot) créé par John. A ce point de l'intrigue, la ressemblance avec I.A Intelligence Artificielle est frappante : Ethan est le portrait craché du petit David Swinton qui aime sa mère plus que tout au monde. On retrouve donc la problématique de la machine, des sentiments humains, de l'âme...
     
    Seulement, le noeud de l'intrigue est centré autour du personnage de Molly qui apprend à son retour de mission qu'elle est enceinte, alors qu'elle n'a eu aucun contact humain depuis plus d'un an et qu'elle ne peut avoir d'enfant : cette chose qui grandit en elle, ce corps étranger qu'elle a attrapé "là-haut" est-il destiné à détruire la race humaine (comme le laisse penser le générique de début, qui s'amuse à transformer "extant" en "extinct", autrement dit extinction) ?
     
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    En bref, Extant semble encore hésiter sur le chemin à suivre, au risque de s'enfermer dans trop de fils narratifs. Le pilot est sauvé par une esthétique parfaite qui rend l'ensemble réaliste, mais aussi par des acteurs de taille (à noter la présence de Hiroyuki Sanada, l'un des personnages principaux de Helix, qui prend à nouveau le rôle de chef d'une entreprise plus que douteuse).  

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