• Gotham, la rencontre de Bruce Wayne et de l’inspecteur Gordon. Un pilote accrocheur à l’esthétique soignée.

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    Adaptée du DC comic « Gotham Central » d’Ed Brubaker, la nouvelle série phare de FOX vient concurrencer Marvel et ses Agents of S.H.I.E.L.D. Et il s’agit là d’une rivale plus que sérieuse : acteurs parfaits, pilote qui en dit beaucoup sans en dévoiler trop, image agréable à l’esthétique bande-dessinée, Gotham se classe parmi l’un des meilleurs pilotes de ce début d’automne, et démarre avec une audience d'environ 8 millions de spectateurs aux US.

    BRUCE WAYNE, JIM GORDON : LA RENCONTRE DECISIVE

    Après un début d'épisode laborieux, où l'on assite, pour la énième fois, à l'assassinat des parents de Bruce Wayne dans une ruelle sombre de Gotham, l'impression de déjà-vu disparaît rapidement et laisse place à la découverte de nouveaux protagonistes, les bons et les méchants, tous liés, de près ou de loin, à l'événement meurtrier. Le mal ronge les rues de Gotham, constamment plongée dans un brouillard froid et lourd (la série est tournée à Manhattan) où police et mafia travaillent main dans le main.

    Le sensible et honnête inspecteur Gordon (Ben McKenzie -le Ryan de Newport Beach- plus que convaincant en jeune bleu décidé à vaincre la corruption) promet à l'enfant Bruce Wayne de retrouver le meurtrier de ses parents, alors que son partenaire, l'inspecteur Harvey Bullock (Donal Logue, vu dans Urgences, Vikings) cherche à clore l'affaire au plus vite. Le duo Wayne-Bullock fonctionne à merveille, du fait du talent des deux acteurs, mais aussi des personnalités opposés de ces deux inspecteurs, l'un blanc comme neige, l'autre flirtant avec la mafia. Un de ces duos antagonistes donc, à l'image du couple Wassermann-Roebuck de Tunnel ou encore Hardy-Miller de Broadchurch. C'est que certaines recettes ne s'épuisent pas !

     

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    LES FUTURS ENNEMIS DE BATMAN REPONDENT A L'APPEL

    Du sadique Pingouin (Robin Lord Taylor, éblouissant) à l'effrayante Fish Mooney (Jada Pinkett Smith) en passant par le parrain de la mafia Carmine Falcone (John Doman), le pilote introduit déjà les principaux "méchants" de l'histoire, futurs rivaux de Batman. Une introduction tout en beauté, qui plus est. On aurait pu craindre une tendance à la carcicature, à l'exagération des traits dans une volonté d'imiter le comic papier. Cependant, le pilote parvient à nous convaincre avec peu : on n'est pas dans la perfection esthétique de Sin City, ni dans la débauche de moyens des derniers Batman. Dans le même temps, on est loin de la série un peu cheap qui aurait eu les yeux plus gros que le ventre. Gotham a beaucoup de potentiel, et le second épisode (sortie le 29 septembre) sera décisif dans l'orientation de l'intrigue. 

     

     Dans le combat que se livre Marvel et DC Comics, ABC et FOX, Gotham s'annonce comme un atout majeur de l'équipe DC Comics-Fox dans la production de séries. Reste à voir la réponse de Marvel avec la sortie, en janvier 2015, d'Agent Carter. Pour les puristes qui refusent téléchargement et streaming, Gotham sera vraisemblablement diffusée sur TF1, dans un futur (sans doute) lointain...


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  • Breaking Bad, une drogue dure à consommer... Sans modération !

     

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    Née en 2008 sur la chaîne câblée AMC, le dernier épisode de la série a été diffusé en septembre 2013 après une cinquième et ultime saison riche en rebondissements. Le dernier épisode bat des records d’audience, le show croule sous les récompenses (seize Emmy Awards au total, le Golden Globe de la meilleure série télévisée cette année) et pourtant certains restent sceptiques, refusant de regarder une série dont la popularité ne serait pas nécessairement gage de qualité. Sacralisée par les médias, adoubée du public, la frénésie Breaking Bad n’est-elle pas un phénomène de mode ? Quelles sont les raisons de cet engouement autour de la « meilleure série de tous les temps » ?

    UN SUJET ORIGINAL : LE VOYAGE INITIATIQUE DE DEUX LOSERS

    Breaking Bad partait déjà avec un avantage de taille : l’originalité de son pitch. En suivant les déboires d’un prof de chimie mal dans sa peau, Walter White (Bryan Cranston, le père de Malcolm, vu plus récemment dans les films Drive et Argo), qui se lance dans le trafic de drogue pour subvenir aux besoins de sa femme Skyler (Anna Gunn) et de son fils handicapé Walter Jr (RJ Mitte), le créateur de la série Vince Gilligan se lançait dans un projet à la fois ambitieux et risqué. 

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    Surdiplômé mais socialement déclassé, Walter mène une vie banale, minée par des difficultés financières. C’est lorsqu’il apprend être atteint d’un cancer des poumons incurable que le personnage de Walter va se métamorphoser : du dominé il va devenir dominant. Observant son beau-frère, le dur à cuire Hank (Dean Norris, tient un rôle principal dans Under The Dome), agent de la DEA (Drug Enforcement Administration), qui traque avec assiduité les labos de méthamphétamine du Nouveau Mexique, Walt va décider, n’ayant plus rien à perdre, de mettre à profit ses talents de chimiste. Renouant contact avec un de ses anciens élèves, le jeune délinquant Jesse Pinkman (Aaron Paul), les deux hommes qu’a priori tout oppose vont se lancer dans la quête d’une « meth » tellement pure que tout le monde ne tarde pas à s’arracher. Rapidement confrontés aux barons de la drogue, de Krazy 8 à l’ultra-violent Tuco, l’association au premier abord bancale de ce prof mourant et de cet ado en perdition va les mener à une lutte sans merci pour le contrôle d’un marché plus que lucratif.

    DES PERSONNAGES A CONTRE COURANT

    Walt et Jesse, anti-héros de base, font d’abord figure de comiques dans ce trafic où ils ne semblent pas pouvoir trouver leur place. Et puis Walt devient Heisenberg, mystérieux producteur de cette drogue d’exception. A partir de ce moment, le malade se métamorphose littéralement, tuant pour sauver sa peau et celle de son partenaire. Sa double vie le change du tout au tout, affectant sa vie de famille. L’excitation de cette vie secrète, du gain facile, vont jusqu’à lui faire oublier son objectif initial. Avide d’argent et de pouvoir, Walt devient progressivement l’un de ces mafieux sans âme. Jesse, contre toute attente, s’avère être le plus faible de l’équipe. Abandonné par ses parents, junkie, personnage attachant qui voit successivement son ami dealer et sa petite-amie héroïnomane mourir, en partie par sa faute.

    Walt évolue dans un contexte familial compliqué. Sa femme, son fils, sa belle-sœur et son beau-frère forment un étau étouffant autour du malade, mélange d’amour fraternel et de rivalités cachées. Hank, rival affectif de Walter (il a tendance à prendre Walter Jr pour son propre fils) représente pour notre chimiste un autre danger, puisqu’il est déterminé à arrêter Heisenberg. Marie, sa femme, cleptomane, partage les soupçons de Skyler quant au comportement de plus en plus étrange de Walt. Bref, on l’a compris, Walt est loin d’être sorti d’affaire, et c’est tant mieux !

     

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    Il est donc difficile de ne pas céder au syndrome Breaking Bad, une série qui ne cesse de s’améliorer au fil des saisons. La cohérence du scénario, le jeu des acteurs, la justesse des dialogues en font une fiction à la fois réaliste et complètement barrée. Surtout, c’est l’intelligence d’une série réfléchie qui fascine : comment ces deux exclus que sont Walt et Jesse peuvent-ils aussi facilement passer du côté obscur ? Breaking  Bad remet en question la morale d’une société capitaliste où l’argent fait tout et menace une morale en voie de disparition.


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