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Broadchurch, nouvelle série made in England
Broadchurch... Mais qui a tué Danny ?
La série créée l'événement partout où elle passe. Après avoir, l'année dernière, enflammé les écrans anglais sur la chaîne privée ITV, elle est depuis le mercredi 19 février diffusée en primetime sur France 2, qui a à cette occasion enregistré des records d'audience.
Broadchurch est une fiction qui se veut épurée dans son intrigue : un meurtre, traumatisant pour une communauté très (trop) tranquille où l'inhabituel effraie. L'horreur de l'infanticide, qui vient évidemment faire écho à la mythique Twin Peaks ou encore aux troublants Revenants, en constitue l'élément déclencheur, venant perturber profondément la quiétude de cette petite bourgade du sud de l'Angleterre.
C'est le corps d'un jeune garçon de 11 ans, Danny Latimer, qui est découvert sur la plage au pied d'une impressionnante falaise. Des deux détectives chargés de l'enquête, l'une (Olivia Colman) est mère de famille, membre de la communauté et du même coup incapable de se montrer objective (son fils étant le meilleur ami de Danny). L'autre, étranger, est un policier doué mais dont la réputation a été détruite par l'échec de sa précédente enquête. Taciturne et apathique, il méprise ouvertement la ville et ses habitants (David Tennant, le dixième Doctor Who). On retrouve en fait quasiment le même schéma que celui du duo de Tunnel, si ce n'est que les rôles homme-femme sont ici inversés.
Comment Danny est-il mort ? Qui, dans ce village où tout le monde se connaît, a pu commettre un tel acte ?
Peu à peu, les suspicions s'installent, le doute s'immisce partout. On se rend compte que le coupable pourrait être n'importe qui, dans ce village où tout le monde se ressemble, où l'intime et le social ne font qu'un : les parents, le père surtout, qui refuse d'avouer ce qu'il faisait la nuit du meurtre, le meilleur ami, qui efface paniqué les derniers messages de Danny, la femme qui vit dans une caravane, à deux pas de la plage, et qui cache le skateboard de la victime dans son armoire... Dans l'espace fermé et étouffant d'une communauté trop soudée, le mensonge éclate avec d'autant plus de force qu'il détruit ce que tout le monde croyait savoir sur l'autre. Au fil des épisodes, l'attente se fait plus forte, le nœud narratif se complexifie et le rythme s'accélère, tenant le spectateur en haleine jusqu'au bout.
Cette série intéresse aussi par sa capacité à introduire des pauses dans l'intrigue. La bande-son angoissante, répétitive, accompagne des plans rapprochés de la mère, errant seule sur la plage ou au supermarché, essayant de continuer à vivre normalement et d'échapper à la pitié insupportable que lui témoigne les autres habitants. C'est son parcours initiatique, sa tentative de faire le deuil de son fills, que l'on suit en parallèle à l'enquête. Symboliquement, on apprend dès le premier épisode qu'elle attend un enfant, signe implicite d'une renaissance difficile, d'un retour forcé au goût de vivre.
En somme, cette série de 8 épisodes (45min) ne peut que rendre accro ! Les acteurs brillent par leur justesse, la réalisation subtile permet de multiplier les points de vue, et de voir à quel point la progression de l'enquête et les secrets qu'elle vient dévoiler vont bouleverser Broadchurch et ses habitants. A voir au plus vite !
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