• Indian Summers : le nouveau Downton Abbey ?

    Indian Summers : une fiction historique sur le déclin de l’empire Britannique. Un soap-opéra délicat sur fond de paysages grandioses.


    Si les US dominent largement la production sérielle, les anglais ne sont pas non plus en reste, et le prouvent largement par des séries de qualité (on pense à l’excellente Black Mirror) qui puisent dans tous les genres, de l’ultra-réalisme au fantastique. Le succès mondial du drame historique Downton Abbey est la marque même de cette vitalité de la création outre-manche. Justement, Channel 4 diffuse depuis le 15 février une nouvelle série historique à gros budget (la production la plus chère jamais réalisée par la chaîne), un petit bijou esthétique centré sur le déclin de l’Empire britannique en Inde. Répondant au doux nom d’Indian Summers, on y suit les derniers jours de la domination anglaise et l’effondrement de son empire colonial.

     

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    Créée par Paul Rutman, Indian Summers est en fait une coproduction américano-britannique avec la chaîne câblée PBS (Mastepiece) et sera sans doute prochainement diffusée aux US. En France, c’est ARTE qui a acheté la série pour une diffusion prévue en 2016. Pour son pilote, la série adopte un format peu conventionnel et quasi-cinématographique (75 min). On a donc eu le temps de se faire notre avis sur cette nouvelle venue.

     

    Un soap opera ensoleillé sur fond de colonialisme

    Indian Summers mélange le réalisme d’une période historique sensible et la romance d’un soap-opera bien maîtrisé. Le Royaume-Uni évoque rarement cette partie sombre de son passé qu’a été la fièvre colonialiste de l’entre-deux guerres. La série prend le pari ingénieux de montrer la fin de l’emprise britannique et les soubresauts de la révolte indienne. Nous sommes alors projetés en 1932, dans la jolie bourgade de Simla au pied de l’Himalaya, qui sert pendant la période estivale de résidence de vacances aux plus riches et puissants des colons britanniques. La scène d’ouverture annonce la couleur avec un gros plan sur une pancarte annonçant « No dogs nor Indians » (Pas de chiens ni d’indiens), indice qui montre clairement que la série n’éludera pas le racisme ambiant et « normal » à l’époque.  

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    La série prend alors des allures de fable politique : les atteintes à l’autorité britannique se multiplient et s’aggravent, au sein même du palais du beau Ralph Whelan (Henry Lloyd-Hugues), secrétaire privé du vice-roi. Le portrait de la reine Victoria est souillé par un graffiti blasphématoire et les autorités prétendent une épidémie de choléra pour faciliter leur traque du coupable.

    Si le créateur rejette la comparaison systématique avec Downton Abbey, difficile de ne pas faire d’analogie entre les deux séries : chute de l’aristocratie dans l’une, délitement de l’élite coloniale dans l’autre. On retrouve dans Indian Summers les mêmes personnages-types de la bourgeoisie anglaise du début de siècle confrontés aux changements de mœurs.

     

    Une esthétique travaillée

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    On ne s’étonne pas vraiment du prix exorbitant de ces dix épisodes (14 millions de pounds), au vu de la qualité esthétique qu’ils nous offrent. En effet, Indian Summers est extrêmement ambitieuse, qu’il s’agisse de l’image, des décors ou encore des costumes. Si la réalisation reste très classique, la lumière joue un rôle de premier plan dans une fiction où le mot summer prend tous son sens.

    L’épisode s’ouvre sur les passagers du train en direction de Simla. Un wagon surpeuplé par des indiens, l’autre réservé aux passagers britanniques confortablement installés sur des banquettes. D’un coup, le train freine puis s’arrête. Le soleil envahit les wagons et les passagers attendent au milieu de nulle part. La chaleur insupportable et lourde de l’extérieur se fait visuellement ressentir, les gouttes de sueur tombent dans notre dos et nous sommes nous aussi assis dans cet étouffant wagon. Indian Summers a cette force esthétique que de nous plonger littéralement dans l’action, par une lumière magnifique et une caméra qui se plaît à s’attarder sur les détails des corps en sueur.

    Dans cette série, pas d’images de synthèse et d’effets spéciaux à gogo : la première saison a été tournée en décors naturels en Malaisie. L’époque coloniale est véritablement ressuscitée sous nos yeux dans des paysages grandioses et gorgés de lumière, auxquels s’ajoutent des costumes travaillés dans le détail, fidèles à la mode des années 30.

    Ceci étant, Indian Summers est bien plus qu’une jolie série en costumes. Elle parvient habilement à un mélange des genres qui ravira les sériphiles de tous bords. Pour l’anectode : le tournage de la saison 2 commence dans une semaine (confidences de l’actrice Julie Walters lors de la projection au festival Séries Mania à Paris le 22 avril). La saison 1 vient de se terminer outre-atlantique, reste plus qu'à attendre -pour les plus sages-  la diffusion en France.

     


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