• Jessica Jones, l'anti-héroïne qui rend accro

    Jessica Jones, la super-héroïne blasée qui crève l'écran

     

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    Les fans de Marvel et de son célèbre MCU (le Marvel Cinematic Universe, qui regroupe les personnages des comics) avaient sauté de joie fin 2013, lorsque Netflix annonça la production d'une nouvelle série Marvel. Jessica Jones avait d'abord été développée pour la chaîne ABC, un projet (heureusement) avorté, qui avait permis au géant de la vidéo à la demande de récupérer le pitch et sa showrunneuse de talent, Melissa Rosenberg. Et pourtant, difficile pour Rosenberg de débarquer avec l'un des personnages les moins connus de l'univers Marvel, surtout après le succès rencontré par un prédécesseur plus prestigieux, et plus classe, j'ai nommé Daredevil. Jessica Jones, héroïne mineure, est-elle à la hauteur du justicier Matt Murdock ? Il semblerait bien que oui.


     

    La révélation Krysten Ritter

    Cette jeune femme où cohabitent force physique étonnante, faiblesse psychique, goût prononcé pour les alcools forts, solitude forcenée et altruisme maladif, Krysten Ritter parvient à le faire vivre avec vigueur, donnant une crédibilité ultra-réaliste à un personnage de comics. Et pourtant, Ritter fait partie de ces acteurs qu'on voit sans les connaître, habituée des seconds rôles à la télévision (Veronica Mars, Gilmore Girls, Breaking Bad) et au cinéma (27 Robes, Big Eyes).

    Ici, son allure dégingandée -elle porte toujours les même vêtements abîmés par l'usure, jeans et veste noire de cuir-, son regard mêlant ironie et dédain, ses répliques cinglantes contribuent à construire une ex-héroïne blessée, qui noie sa culpabilité et sa solitude dans de nombreuses bouteilles de whisky. Krysten Ritter n'a ni le physique de la bombe sexuelle, ni l'optimiste de la super-héroïne, elle est surtout terriblement humaine, et c'est ce qui nous plaît. Loin de la féminité exacerbée de la Supergirl de CBS, Jessica Jones est une véritable badass qui porte les robes en horreur.

     

    Mélange des genres

    La série se veut sombre, reprenant l'ambiance nébuleuse des films noirs américains des années 50 : dans Jessica Jones, c'est le pessimisme de l'héroïne qui domine, sa soumission à une fatalité écrasante et inévitable, celle de la confrontation létale avec son bourreau Kilgrave (David Tennant). Le méchant de l'histoire, bien que quasi-absent des premiers épisodes, est constamment évoqué par Jessica, qui semble terrorisée à l'idée de son éventuel retour.

     

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    Véritable fil conducteur de la saison, Kilgrave est aussi une figure du mal particulièrement bien interprétée par le génial David Tennant, qui reprend pour l'occasion les traits du sournois Barty Croupton Junior qu'il incarnait dans Harry Potter et la Coupe de Feu. Capable de plier les esprits à toutes ses exigences, il oblige ses victimes à se suicider ou à tuer leurs parents, à l'image de la pauvre Hope Shlottman (Erin Moriarty) que Jessica s'entêtera à vouloir sauver de la prison à vie. Série fantastique, tragédie classique et film noir, Jessica Jones mêle les genres et les tons, et on adore ça.

     

    Vous avez dit féminisme ?

    Jessica Jones n'est pas la seule justicière que Melissa Rosenberg ait couvé, puisque la showrunneuse a fait ses marques sur la série Dexter, dont elle fut scénariste et productrice exécutive pendant quatre ans, avant d'adapter pour le cinéma les romans Twilight de Stephenie Meyer.

     

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    Rosenberg ne s'en cache pas, Jessica Jones est une série féministe : son objectif étant d'exacerber les « conversations à propos des femmes au pouvoir, de la sexualité féminine, du viol, des abus sexuels » et d'apporter « une perspective féministe et politique à ces thèmes », confiait-elle début décembre au magazine américain Variety. Les femmes sont en effet les grandes victimes de cette série, mais elles en sont surtout les héroïnes, très coriaces et pas forcément sympathiques, à l'image de Jeri Hogarth (Carrie-Anne Moss), avocate lesbienne inflexible et puissante. Soeur d'adoption et meilleure amie de Jessica Jones, Trish Walker (Rachael Taylor) a beau être l'archétype de la femme « féminine », elle apprend le Krav-Maga pour se défendre, ne suit jamais les conseils paternalistes de son amant Will Simpson (Wil Traval) et vit une relation quasi-fusionnelle avec la cynique détective, créant un contraste assez étonnant et souvent drôle.

     

    La série ne semble être que le début de longues aventures sérielles pour l'héroïne inconnue du comics Alias sorti en 2001. En effet, si Luke Cage (Mike Colter) apparaît déjà dans Jessica Jones, c'est que Netflix et Marvel Television pensent déjà à lui consacrer sa propre série, dans laquelle notre anti-héroïne devrait également faire des apparitions. Elle devrait aussi faire partie de la série The Defenders, qui réunira Luke Cage, Matt Murdock et Iron Fist, équipe de super-héros urbains, à l'image des Avengers.


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