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It's Always Sunny In Philadelphia : une série à l'humour noir déjà culte
It's Always Sunny In Philadelphia : immoralité et humour noir dans ce qu'ils ont de meilleur.
En 2005, trois amis, Rob McElhenney, Glenn Howerton et Charlie Day, écrivent et filment dans leur appartement un court métrage sur un homme se confiant à propos de son cancer à son ami, venu seulement pour lui emprunter du sucre. Le court une fois fini et monté, est montré à la chaîne FX en guise de pilote. C’est le début de It’s Always Sunny In Philadelphia, une des sitcoms les plus longues jamais diffusées à la TV américaine, en ce moment dans sa dixième saison, et déjà renouvelée pour deux de plus. Quelle est cette série qui malgré peu de nominations et de prix, dure depuis tant d’années et a même atteint, pour beaucoup, un statut de série culte ?
Des héros on ne peut moins nobles
Le pitch de départ de It’s Always Sunny In Philadelphia est assez simple. On suit les mésaventures du « gang », cinq amis qui possèdent et travaillent dans un bar miteux du sud de Philadelphie. Les prémices du show semblent au premier abord vus et revus. Mais ce ne sont pas l’amour, l’amitié, la famille ou le travail comme c’est d’habitude le cas dans ce genre télévisuel, qui guideront nos héros dans leurs aventures. Leurs moteurs sont bien moins nobles : avarice, fanéantise, ignorance, malhonnêteté, egoisme, egocentrisme et mesquinerie.
Tous les personnages se montrent plus immoraux les uns que les autres et, bien que censés être amis et collègues, leur quotidien n’est fait que de disputes, guerres intestines et arnaques en tout genre. Les défauts des personnnages son poussés à l’extrême : On retrouve Dennis (Glenn Howerton) narcissique, colérique et obsédé par son apparence, Charlie (Charlie Day), dysléxique, drogué et en dehors de la réalité, Dee (Kaitlin Olson) persuadée d’être la fille la plus drôle d’Amérique et véritable souffre douleur de son groupe, Frank (Danny DeVito), vieil escroc riche, malhonnête et bizarre, Mac (Rob McElhenney) luttant à chaque instant pour être le plus masculin et badass possible et ainsi refouler son homosexualité. En étant conscis, chacun des personnages de la série est absolument détestable.
Ce sont ces défauts, apparents et extrêmes, qui rendent, paradoxalement, les personnages attachants, et surtout, éminemment distrayants. Ils ne reculent devant rien, que cela soit devenir accro au crack pour toucher des allocations ou coucher avec la mère de ses amis juste pour leur faire du mal, en passant par tous les coups bas et idioties que vous pouvez imaginer, et même plus. La plus grande force du show est alors celle-ci : il n’y a pas de sujet tabou, on peut se moquer de tout et de tout le monde.
Un vrai « gang » qui dure
Le parti pris de la série d’avoir un humour noir sans concessions au mépris du politiquement correct et de la bienséance pourrait aisément tomber dans une facilité ennuyeuse et crasse, mais ce qui la sauve de tels travers, c’est son casting. On trouve dans It’s Always Sunny In Philadelphia un vrai esprit « troupe », trois des acteurs principaux œuvrant aussi en tant qu’auteurs et producteurs du show. On sent, au fur et à mesure que les épisodes avancent, une réelle complicité, non pas entre les personnages, mais entre leurs interprètes. Chose présente dans assez peu de séries, le casting donne réellement l’impression de s’amuser. Une joie communicative fait alors son apparition à chaque épisode.
Charlie Day, Glenn Howerton et RobMcEllhenney savent ce qu’ils veulent jouer, ce qui les amusent, et les forces et les faiblesses de chacun des acteurs. Toute cette bande semble alors marcher dans la même direction pour servir un humour qui leur est propre. Leur amitié en dehors de l’écran, et même plus, Rob McEllenhey et Kaitlin Olson s’étant mariés en 2008 et Charlie Day et Mary Elizabeth Ellis en 2006 n’est sûrement pas étrangère à la longévité de leur projet. La plupart des séries qui s’étalent sur autant de saisons perdent souvent de leur saveur, devenant une caricature d’elles-mêmes, s’embourbant dans une routine ennuyeuse. Ce n’est ici pas du tout le cas. Le show gagne en qualité d’écriture et en fun chaque année et ne donne à aucun moment l’impression de tirer sur la corde. Chaque saison contient des épisodes hilarants, les personnages s’enfonçant de plus en plus dans leurs travers.
Une série déjà culte
Le mot « culte » est bien souvent trop utilisé et il est difficile de s’y retrouver tellement le terme peut ressembler plus à un argument commercial qu’à un réel statut. On ne s’intéressera pas forcément ici aux audiences et prix que le show a pu avoir, mais plutôt à la fan base qu’il a engendré. Le programme, bien qu’apprécié par la critique, est surtout un succès populaire. Les répliques des personnages sont connues par cœur, des gens se tatouent leur portrait ou citations. Quand l’équipe de la série a monté une comédie musicale adaptée d’un des épisodes préférés des fans, ils ont fait salle comble partout où ils ont joué. Le programme a reçu un statut privilégié de par son humour noir, ses running gags hilarants et surtout parce qu’elle a su se dédouaner des clichés et codes de son style télévisuel.
Ici, pas de tension amoureuse entre les personnages principaux, pas de moments émotionnels à la musique larmoyante, pas de leçons sur l’amitié et sa beauté, et, quand ces codes sont utilisés, c’est pour mieux les dénoncer, les faire s’effondrer sur eux même. Le show est crade, noir, immoral et c’est ça qui lui donne une personnalité, un vrai caractère, loin de toutes les sitcoms utilisant les mêmes bases et clichés encore et encore jusqu’à l’épuisement.
It’s always Sunny In Philadelphia est une série atypique. Il est évident que son parti pris de base ne pourra pas plaire à tout le monde, mais il faut au moins l’éssayer tellement les aventures de ces personnages immoraux, déviants et mesquins sont divertissantes et donnent une autre image de l’humour que les sitcoms généralistes qui perdent en caractère à force d’essayer d’avoir un large public. C’est une série qui a su s’inscrire dans la durée sans perdre en qualité grâce à une équipe pleine de complicité et une écriture toujours inventive au fil des 10 saisons pour l’instant diffusées. Si le show dépend de l’entente entre l’équipe de tournage, esperons qu’ils restent amis pour longtemps.
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