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Spotless : une comédie noire franco-britannique, nouvelle création originale Canal +
Spotless : une série faussement inspirée de Dexter. Une idée novatrice, un résultat mitigé.
Chaque nouvelle « création originale » de Canal + fait l’effet d’une bombe dans le microcosme des séries françaises. D’abord avec Engrenages, ensuite avec Les Revenants, la chaîne cryptée a réussi à imposer sa marque, gage de qualité scénaristique et visuelle à l’heure de Plus Belle La Vie et autre Joséphine Ange Gardien. L’année dernière, avec l’intrigante The Tunnel, la chaîne s’ouvrait à la co-production européenne en mélangeant showrunners et acteurs anglais et français, à l’image du couple Clémence Poesy-Stephen Dillane, duo d’enquêteurs contradictoire mais efficace. Un succès critique et populaire que Canal + espérait retrouver au travers de cette nouvelle création en version originale (donc en anglais). Verdict ?
Une mise en place lente
Derrière les commandes de la série, on retrouve deux artisans du feuilleton anglophone : l’américaine Corinne Marrinan, scénariste sur NCIS, et le britannique Ed McCardie, connu pour la série Shameless. Surtout, les deux premiers épisodes ont été réalisés par Pascal Chaumeil, auteur de la subtile comédie romantique L’Arnacoeur. Avec un tel mélange des genres, on s’attendait à un résultat détonant.
Le pilote débute sur une vraie-fausse séance de psychanalyse entre Jean Bastière (Marc-André Grondin, révélé dans C.R.A.Z.Y et Le Premier jour du reste de ta vie), expatrié français à Londres, et une séduisante jeune femme qui s’avère bien vite être sa maîtresse. La scène d’ouverture introduit donc maladroitement et assez brutalement la faiblesse psychologique d’un personnage qui semble fasciné par la mort. Assez vite, on apprend que Jean a un métier peu commun : fondateur de Clear Sky, une compagnie de nettoyage spécialisée dans les scènes de crime, Jean passe ses journées à racler des bouts de cervelle et à faire disparaître des restes humains. Difficile de ne pas faire l’analogie avec le sympathique Dexter, même si la différence est là de taille : Jean est un loin d’être un expert en médecine légale ; il se contente de nettoyer, un boulot plutôt ingrat en somme.
Surtout, notre nettoyeur est un sensible. Loin de l’apathie désarmante d’un Dexter, Jean adore sa femme –bien qu’il la trompe- et ses deux enfants. Confortablement installé dans la cossue banlieue de Londres, la situation financière de Jean n’est pourtant pas au beau fixe : l’arrivée impromptue de son frère Martin (Denis Ménochet, très bon), ex-taulard et délinquant en puissance, va entraîner notre père de famille respectable dans une spirale meurtrière.
Encore une histoire de famille
L’intrigue démarre lorsque Martin débarque et bouleverse une vie de famille parfaite, voire monotone pour Jean qu’on sent enfermé dans une routine abrutissante. Ainsi, si Martin représente de futurs ennuis, il incarne aussi une sorte de libération intérieure pour notre héros : alors qu'il trimballe une mule pleine d’héroïne dans sa camionnette, Jean ne va pas vouloir l’aider jusqu’au moment où il accepte, pour des raisons financières, de découper la morte afin de récupérer la drogue. Un moment finement interprété, où les deux frères ricanent et parlent de sexe au-dessus du corps sans vie de la pauvre femme.
Ce qu’on regrette un peu, c’est le besoin systématique d’approfondir cette relation fraternelle par un traumatisme passé. Du coup, Jean est parfois pris de flashbacks courts où il observe, immobile, un cadavre flotter dans l’eau. S’agit-il de sa mère, qui battait son frère ? L’utilisation de ce procédé ultra-utilisé vient alourdir une intrigue à vocation plus légère, où l’élément comique joue un rôle central.
Spotless est donc plutôt une bonne surprise dans le genre plutôt rare de la comédie noire/thriller. Diffusé depuis le 16 mars sur Canal +, au rythme de 2 épisodes par soir, la saison 1 touchera à sa fin le 13 avril, avec un total de 10 épisodes.
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