• UnReal, l'enfer de la télé-réalité

    UnReal, une fable acerbe sur les mécanismes de la télé-réalité


    UnReal, c’est l’étonnante nouvelle série Lifetime, une mise en abyme vertigineuse et amère dans les coulisses de la télé-réalité. Le show, orchestrée par Sarah Gertrude Shapiro, colle à la réalité des émissions racoleuses aux personnages caricaturaux, et pour cause : Shapiro a travaillé sur neuf saisons consécutives de l’ultra-populaire Bachelor. Dix ans après une expérience qui a failli la pousser au suicide, Shapiro prend sa revanche et co-crée UnReal pour un résultat plus qu’édifiant. Décryptage du pilote, sorti le 1er juin.

     

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    Le monde est un théâtre

    Ce n’est pas un nouveau concept que de prendre le parti de filmer les coulisses de la télé-réalité : Lisa Kudrow en avait déjà eu l’idée en créant la sitcom The Comeback, dans laquelle elle jouait plus ou moins son propre rôle, celui d’une star passée de mode qui tente de renouer avec la célébrité en créant sa propre émission de télé-réalité.

    La grande différence ici, c’est qu’UnReal n’a pas de visée parodique : rares sont les moments où l’on a envie de rire tant la perplexité nous envahit. Si l’ironie est partout, c’est une tragédie réaliste, morale et émotionnelle que mettent en scène Shapiro et Marti Noxon, co-créatrice du show au parcours lui-aussi mpressionnant (productrice exécutive de Buffy contre les vampires, Prison Break, Private Practice, Mad Men…).

     

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    Deux femmes qui abordent la misogynie latente d’une émission du type Bachelor où le beau et riche célibataire Adam (Freddie Stroma) est porté aux nues par des « prétendantes » caricaturales, une ironie qu’elles soulignent dès le début en faisant porter à leur personnage principal Rachel (Shiri Appleby, vue dans Chicago Fire et Girls) un t-shirt « This is what a feminist look like ». L’héroïne est peut-être la pire de tous : son job, c’est d’intervenir auprès des candidates de manière à créer du conflit, des larmes, des confidences inattendues et des faiblesses inavouées. On la croit douce, attentive et prévenante, on la découvre excellente manipulatrice.

    Rachel est aux ordres de Quinn King (Constance Zimmer), reine incontestée d’Everlasting, qui passe son temps à crier des ordres et couche avec le créateur du show Chet (Craig Bierko), par ailleurs marié. Si l’on n’a pas de pitié pour Quinn, on en a pour Rachel qui malgré tout semble fragile et fatiguée d’un travail où elle se retrouve contrainte de révéler les secrets les plus douloureux des candidats : l’enfance difficile de l’une, la virginité de l’autre, rien ne passe à travers les filets d’une évaluation psychologique intrusive des candidates, si bien qu’on découvre sans grande surprise que télé-réalité et fiction vont de pair. La production est sans pitié et ne laisse rien au hasard : les dessous sales d’une télé-réalité sans aucun frein moral ni éthique sont ici allégrement dévoilés. 

    Shapiro laverait-elle son linge sale en public ? La productrice semble avoir vécu une expérience traumatisante sur le Bachelor, un travail harassant qui a révolté son sens moral et sa conscience féministe : Rachel est sans équivoque, son alter-ego : on retrouve chez elle la même ambivalence, sorte d'attirance-répulsion envers un métier que sa morale condamne mais qu'elle aime malgré tout : "ce qui était aussi difficile, c'est que j'aimais ça. Et j'avais l'impression de ne plus me comprendre" confiait-elle il y a peu au magazine Cosmopolitan. La chaîne Lifetime ne nous avais pas habitués à autant de subtilité narrative, et UnReal, qui était déjà dans notre top 5, s'avère bel et bien LA bonne surprise de l'été.


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