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Par claireemarchal le 26 Janvier 2015 à 09:28
Backstrom : le portrait vu et revu de l’anti-héros qu’on adore détester
La chaîne FOX, malgré des succès récents (Gotham), peine à face à la dure concurrence des séries originales des chaînes premium ainsi qu’aux productions des nouveaux venus Netflix et Amazon. Du coup, la chaîne a semble t-il préféré assurer ses arrières en proposant une adaptation des best-sellers suédois de Leif G.W. Persson, romans éponymes (Evert Bäckström) contant les aventures d’un policier râleur, antipathique, alcoolique mais génial. Backstrom est un enquêteur hors-pair, précisément parce-que son esprit « corrompu » parvient à déceler le pire chez les individus. Un air de déjà-vu ? C’est un Dr House un peu plus gros, un peu moins méchant, que nous montre cette énième série policière.
Backstrom : l’archétype de l’anti-héros
C’est Rainn Wilson (The Office) qui interprète le rôle d’Everett Backstrom, chef de l’équipe des « special crimes » de la ville de Portland. Un chef atypique et insupportable, qui traîne son gros ventre et son vieux cigare –qu’il n’allume jamais, un clin d’œil sans doute à Sherlock Holmes et son inséparable pipe- sur les lieux du crime. Everett représente la loi pour pouvoir mieux la contourner : afin de garder dans sa juridiction une affaire qui vraisemblablement ressemblerait à un suicide, il n’hésite pas à déclarer qu’il s’agit d’un homicide, avant même que ces collègues n’en trouvent les preuves concrètes.
Everett est donc un personnage peu séduisant, qui boit de la bière comme on boit de l’eau. Il forme une colocation inattendue avec un jeune gothique queer, fils d’une prostituée que fréquentait le policier, vendeur à la tire et dealer à ses heures. Bref, Everett est, et adore être, à contre-courant. Pour lui, comme pour le Dr House, c’est l’énigme qui est excitante à résoudre. Rendre la justice (ou la santé) n’est pas une priorité, comme les individus sont de toute façon foncièrement mauvais. Du coup, on retrouve énormément de similitudes entre les deux personnages. Parfois même, Everett fait penser, par son franc-parler et ses difficultés relationnelles, au génial David Tennant dans Broadchurch. Le pilote s’ouvre d’ailleurs sur l’examen psychologique de Backstrom, lors duquel on lui ordonne de « se faire un ami ». En fait, Everett Backstrom descend d’une longue tradition littéraire de détectives torturés et apathiques, de Harry Bosch chez John Connely à John Rebus chez Ian Rankin.
Une série comico-policière qui manque de cohérence
La crédibilité de la série est mise à mal par un casting peu judicieux, trop hétéroclite peut-être, rendant difficile l’adhésion et l’identification des spectateurs aux personnages, identification sur laquelle repose en grande partie le succès des séries policières - qui fonctionnent sur le schéma un épisode = une enquête -.
En effet, quelle surprise de découvrir dans l’équipe de Backstrom le David Palmer (Dennis Haysbert) de 24 ! On s’étonne de ce changement de ton pour l’ancien président fictionnel des Etats-Unis, habitué aux menaces terroristes et à la tension permanente instaurée par la série la plus parano de tous les temps. Du coup, difficile de l’imaginer chapeau sur la tête, manger des cuisses de poulet et partir à la chasse aux criminels.
La deuxième partie du pilote est nettement plus rythmée que la première : alors que l’enquête avance, on découvre les fragilités de ce râleur invétéré, génie cérébral mais incapable de tenir une arme, terrorisé à l’idée de devoir tirer sur quelqu’un, même dans une situation d’extrême urgence. Les séquences chez le docteur (« indien tandoori » comme l’appelle Backstrom) qui ouvrent et ferment l’épisode résument en fait assez bien un pilote qui nous présente d’abord un personnage à la limite du caricatural, à l’humour corrosif et aux remarques acerbes, pour conclure sur un individu nihiliste dépressif, qui ne croit plus en l’homme ni en la vie.
La série est diffusée sur FOX depuis le 22 janvier et comptera 13 épisodes.
Backstrom : bande-annonce
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Par claireemarchal le 21 Janvier 2015 à 19:42
12 Monkeys, un dédale temporel addictif mais qui manque de crédibilité
Décidément, Syfy aime les histoires de virus et de fin du monde. Qu’il s’agisse d’Helix ou d’Ascension, l’humanité semble toujours y être en danger, en proie à une pendémie ultra-mortelle qui tuera plus de la moitié des hommes, ramenant les survivants à l’état de nature, où l’homme est un loup pour l’homme et où règne la loi du plus fort. 12 Monkeys s’annonçait comme l’une des séries les plus attendues de la mi-saison : pas évident pour la chaîne de tenir le pari d’une adaptation sur petit écran du classique futuriste de Terry Gilliam, L’Armée des douze singes, d’autant que de scénarios ambitieux, la chaîne passe souvent à une réalisation bancale. Qu’en est-il de 12 Monkeys ?
2043, 2013, 2015, 2017 : un voyage vertigineux dans le temps
Le pilote débute sur un flashforward : nous sommes en 2043, un homme ramasse une montre dans un bureau saccagé. Dehors, tout est désert, abandonné : on se doute que le futur n’est pas beau à voir. Retour en 2013 : la brillante virologiste Cassadra Reilly (Amanda Schull) se fait kidnapper par l’homme à la montre, qui se donne du mal pour lui prouver qu’il vient bien du futur et lui annonce qu’il cherche l’individu responsable d’un pendémie mortelle qui a décimé la majeure partie de l’humanité en 2017. Cependant, James Cole cest allé trop loin dans le passé : il donne rendez-vous à Reilly deux ans plus tard, dans un hôtel de Philadephie, avant de disparaître sous ses yeux. Alors que deux années se sont écoulées, que le docteur Reilly a vu sa brillante carrière et son couple s'effondrer, elle retrouve Cole. Ensemble, ils partent à la recherche du coupable.
La suite du pilote fait mal à notre tête de spectateur passif : de 2043, Cole débarque en 2013, puis repart en 2015. Au temps du récit vient se rajouter le temps de sa narration lorsqu’il évoque la contamination virale amorcée en 2017 (un flashback dans le futur !). Bref, on s’y perd et tant mieux : 12 Monkeys conteste la rigidité et la fixité du temps, et nous embobine dans des intrications temporelles addictives.
Un cliffhanger permanent
C’est un autre élément propre aux séries Syfy : la recherche constante du coup de théâtre qui donne à l’intrigue une toute nouvelle orientation. Comme si la série avait peur de prendre des spectateurs en cours de route, elle s’entête à ponctuer sa narration de retournements de situations (trop) fréquents qui, certes, apportent une nouvelle dynamique, mais contribuent aussi à la perte de crédibilité d’une fiction qui pose trop rapidement ses bases. En effet, ces « retours vers le futur » restent largement caricaturaux, parfois ridicules, à l’image de ce groupe de scientifiques qui envoie Cole traverser les époques. Du même coup, on perd ici toutes les nuances présentes dans le film. Alors qu’elle aurait pu approfondir, la série veut en fait aller trop vite : l’action à tous prix semble être le crédo de 12 Monkeys.
A ce défaut récurrent s’ajoute un casting peu judicieux : Aaron Stanford passe du rôle du geek-amuseur de galerie de Nikita à celui de sauveur de l’humanité : un nouveau personnage pas forcément en accord avec le jeu et le charisme de l’acteur. On lui accorde, pas évident de prendre la place de Bruce Willis. Là où la série innove, c’est en faisait le choix de remplacer le personnage de Jeffrey Goines (Brad Pitt) par Jennifer Goines (Emily Hampshire). Terry Fickett, co-créateur de la série, a justifié ce choix par la volonté d’éviter la comparaison systématique à Brad Pitt mais aussi d’inclure une « sexual chemistry » entre Cole et Jennifer. Reste à voir ce que nous réserve la suite…
12 Monkeys, au même titre qu’Helix, est diffusé depuis le 20 janvier sur Syfy France.
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Par claireemarchal le 19 Janvier 2015 à 16:26
Helix saison 2 : une île, un virus et une secte. Un programme alléchant pour un pilote bancal.
Helix, c’est la série un peu WTF de Syfy. Alors qu’on croit être arrivé au bout de l’intrigue, le scénario se complexifie, flirtant dangereusement avec le ridicule. Et pourtant, Helix continue à nous tenir par le bout du net. Dans un volte-face radical, laissant de côté une saison 1 qui laissait pourtant beaucoup de questions en suspens, la série nous emmène sur une île mystérieuse à quelques heures à peine de Seattle. Julia et Alan, piliers de la première saison, font figure d’outsiders dans cette nouvelle saison multi-temporelle très (et sûrement trop) ambitieuse.
Un début d'épisode déstabilisant
Les premières minutes du pilote font craindre le pire : trop rapide, le début manque de cohérence et d’explications. C’est comme si Hélix décidait tout à coup de changer de schéma narratif afin d’échapper aux incohérences du final : l’explosion de la base scientifique Artic Biosystems où était né le virus Narvik, la disparition du docteur Alan Farragut (Billy Campbell) en Europe et la nomination de Julia Walker (Kyra Zagorsky) à la tête d’Ilaria Corp, conglomérat d’immortels, sont passés sous silence.
Du coup, on se croirait d’abord dans un téléfilm bas de gamme : hormis le rescapé et frère d’Alan, Peter Farragut (Neil Napier) qui dirige l’équipe du CDC (Center For Disease Control) envoyée sur place, les deux autres scientifiques manquent sérieusement de crédibilité. Nouveau venu de la team, le docteur Kyle Sommer (Matt Long) prend le rôle du beau-gosse détendu, qui vit avec son flingue (parce-qu’il vient du Texas et que c’est un dur à cuire).
Quand The Walkind Dead rencontre Lost
La scène d’ouverture nous montre des vacanciers défigurés par un virus inconnu qui s’entretuent sur un voilier en pleine mer, après avoir fait escale sur une île a priori inhabitée. Bref, une affaire pour le CDC, qui en déduit rapidement que le virus souche se trouve sur l’île. Laissés en autonomie pensant deux semaines sur cette terre a priori vierge et guidés par Leila, seule survivante de l’infection mortelle, Peter et son équipe réalisent bien vite qu’ils sont loin d’être seuls.
L’inspiration de Lost se fait alors clairement ressentir : des milliers de crânes humains jonchent le sol, Leila se fait rapidement sauvagement assassinée et nos héros font la rencontre de la communauté fermée qui a investi les lieux, véritable secte dirigée par un gourou charismatique, Michael (Steven Weber). Cohabitant au sein d'une abbaye, sorte de forteresse au milieu de la jungle, la communauté vit selon des principes religieux, une idéologie rigoriste de la simplicité et de la pauvreté qui semble rapidement cacher de plus noirs desseins.
A mi-chemin entre les menaçants «Autres » de Lost et la cité dirigée d’une main de fer par le Gouverneur de The Walking Dead, Helix ne cache pas ses références. Reste à savoir si la série tiendra ses promesses. D’autant qu’elle ajoute à sa trame narrative une anomalie temporelle : on apprend que Julia se retrouve sur l’île… trente ans plus tard, à la recherche d’Alan. Qu’elle retrouve enfin, enterré dans le cimetière de l’abbaye.
Retrouvez la saison 2 de Helix en quasi-simultané avec la diffusion US sur Syfy France à partir du 20 janvier !
Bande-annonce Helix saison 2
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Par claireemarchal le 8 Janvier 2015 à 16:48
Agent Carter : une femme espion dans l’Amérique macho de l’Après-guerre. Léger et agréable.
Alors que les Agents of SHIELD font une pause dans leur seconde saison, ABC a décidé de faire patienter les fans avec une mini-série originale, centrée sur une héroïne sans pouvoir surnaturel mais avec un caractère d’acier : l’Agent Peggy Carter (Hayley Atwell), délaissée par son amant le bodybuildé Captain America qui s’est sacrifié pour sauver le monde. Le début du pilote commence d’ailleurs sur des flashbacks du film qui sont pour Peggy des souvenirs traumatisants, rappels du grand amour qu’elle a perdu.
L’après Captain America
La guerre est fini et les choses sont rentrées dans l’ordre : ancienne héroïne de guerre, Peggy est reléguée au rang de secrétaire par ses collègues masculins des services secrets. La femme indépendante, piquée au vif, tente d’abord de se défendre par de petites remarques subtiles, avant de réaliser que sa position pourrait bien lui permettre de devancer ses collègues trop sûrs d’eux. Car elle n’est pas la seule touchée par l’injustice : son ami Howard Stark (Dominic Cooper), inventeur de génie et fondateur de Stark Industries (et père de Tony Stark, futur Iron Man) est lui aussi dans une mauvaise passe. Accusé d’avoir vendu des armes nouvelle génération à l’ennemi, il est poursuivi par les services secrets.
Une espionne dans un monde d’hommes
Peggy va ainsi endosser le rôle d’espionne pour aider son ami : en devenant agent double, elle dit retrouver une utilité, un objectif qu’elle avait perdu depuis la disparition de son amant. Ce qui est particulièrement réussi, c’est cette transformation de Peggy l’héroïne amoureuse à Peggy l’espionne sans merci, utilisant des gadgets exclusivement féminins : rouge à lèvre « sweet dreams » pour endormir ses victimes, combat à l’agrafeuse, tout y passe. Affublée d’un partenaire plus ou moins compétent, Mr Jarvis (le majordome un peu coincé de Stark), l’action fait souvent place au rire mais jamais on ne s’ennuie.
Et c’est précisément ça qui fait du pilote d’Agent Carter une réussite : le sentiment de légèreté d’une série bien réalisée mais qui ne se prend pas au sérieux. Les décor carton-pâte de l’Amérique des années 1950 (dinners, jazz clubs…) nous immerge dans un univers visuel proche du comics. Dans le style esthétique, Agent Carter fait beaucoup penser à une nouvelle série DC Comics centrée sur un certain Bruce Wayne.
Enfin, et surtout, c’est le côté clairement engagé de la série qui marque : Agent Carter est bel et bien une série 100% féministe. Par certains côtés, il semble difficile de ne pas penser à Mad Men et à l’ambitieuse secrétaire homonyme (Peggy Olson) qui tente de percer le « plafond de verre » d’un monde du travail encore largement dominé par les hommes. Dans le cas d’Agent Carter, c’est la faiblesse présupposée de Peggy qui devient sa force : persuadés de son incompétence, ses collègues ne se doutent même pas qu’ils sont entrain d’être subtilement espionnés…
Bande annonce Agent Carter :
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Par claireemarchal le 24 Décembre 2014 à 11:15
Ascension, la série ambitieuse de Syfy réussit son coup
Et si la NASA avait réussi dans les années 60 à envoyer en orbite un vaisseau capable d’abriter et de faire vivre des centaines de personnes dans le but de « sauver l’humanité » au cas où la Guerre Froide tournerait mal ? C’est ce que nous fait croire – presque jusqu’au bout – ce premier épisode d’une heure plus qu’intense. Ascension s’inspire directement du projet spatial Orion développé sous l’administration Kennedy, celui d’embarquer 350 volontaires dans un immense vaisseau pour un voyage long d’une centaine d’années…
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LES FIFTIES DANS L’ESPACE<o:p></o:p>
SyFy aime les séries qui se déroulent dans des lieux clos, étouffants et potentiellement dangereux. Selon le show, c’est la localisation qui diffère : base scientifique en Antarctique pour l’un (Helix), vaisseau perdu dans l’espace pour l’autre. Rien d’étonnant dans ce choix puisque ce qui faisait tout le charme de Helix (voir ma précédente critique) se retrouve dans Ascension : tensions causées par un enfermement constant et pesant -à noter que les passagers du vaisseau n’ont eux pas la possibilité de s’échapper, si ce n’est par la mort-, l’évènement déclencheur –ici le meurtre de la jolie mais peste Lorelei Wright (Amanda Thomson) - qui va venir menacer l’intégralité d’un microcosme parfaitement organisé.<o:p></o:p>
Le pilote tient le spectateur dans l’ignorance pendant les sept premières minutes : Lorelei est retrouvée morte sur la plage, alors que les convives fêtent le 51e anniversaire du décollage de l’Orion Class Spaceship Ascension, dans ce qui semble être une maison style années 1950. La caméra finit enfin par nous dévoiler l’envers du décor : la plage est en carton-pâte, la maison ne constitue en fait qu’une infime partie de cet immense édifice spatial avec vue panoramique sur les étoiles. Même si plus de cinquante ans ont passés, les fifties sont toujours à l’ordre du jour pour qui n’a pas connu la fin de la ségrégation, le 11 septembre ou la guerre en Irak.
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Habitude née de l’enfermement ou critique des liens du mariage, les fifties dans l’espace ne font pas bon ménage avec la fidélité conjugale ! En effet, alors qu’on apprend que la victime fréquentait un séduisant jeune homme de la classe inférieure, on assiste en même temps à deux scènes d’adultères, avant d’apprendre que Lorelei couchait également avec le chef du vaisseau, le très ambitieux Capitaine William Denninger (Brian Van Holt).
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UNE FIN DEROUTANTE <o:p></o:p>
Il faut reconnaître à la chaîne le soin croissant qu’elle apporte à ses productions. Une esthétique soignée, des personnages attachants, bref une véritable réussite scénique et visuelle. Mais c’est surtout le cliffhanger, ou plutôt la révélation détonante de la fin de l’épisode qui vient remettre en cause l’ensemble de l’épisode. En effet, on apprend (attention spoiler !) qu’Ascension n’a en fait jamais décollé du sol : ces héros de l’humanité ne sont en fait que des cobayes enfermés dans une gigantesque mécanique à des fins expérimentales. <o:p></o:p>
S’agit-il d’une expérimentation sociologique dans le but de savoir si un tel projet, s’il était véritablement mis en œuvre, pourrait être à terme viable ? En fait, Ascension pose la question de l’éthique de l’expérimentation humaine : priver des hommes de leur liberté suivant des visées scientifiques est-il moralement acceptable ? En effet, les habitants du vaisseau rencontrent des difficultés psychologiques : destinés à fréquenter les mêmes lieux, lire les mêmes livres, voir les mêmes personnes toute leur vie, pas étonnant que certains se rebellent, et aillent jusqu’au meurtre…
Ascension bande-annonce
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