• The Leftovers, où quand des disparitions soudaines et inexpliquées bouleversent la vie des habitants d'une bourgade américaine. Un pilot accrocheur et intriguant.

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    On l’avait annoncé comme la série-phare de cet été, une fiction dans la lignée de Lost et d’Under The Dome. Une série fantastique en somme, mais à la sauce (toujours un peu subversive) HBO. Le pitch semble au premier abord déjà vu : le 14 octobre, 2% de la population mondiale disparaît au même moment, vidant ainsi la terre de 140 millions d’habitants… On pense tout de suite aux fictions post-apocalyptiques, de The Walking Dead à I am a Legend. Surtout, c'est aux Revenants qu'on pense, puisque le titre même (the leftovers désigne, littéralement, « les restes ») y fait écho. La situation est précisément inversée : ici, ce sont ceux qui sont restés qu’on observe et leur comportement face à la perte de leurs proches. Les « departed » vont-ils revenir ? Le pilot ne permet pas de le dire…

    L’intrigue, d’abord éparpillée, se recentre rapidement sur une famille déchirée par l’évènement. On se retrouve donc trois ans après, alors que la maire décide d’organiser une cérémonie en l’honneur des disparus, la bien (mal) nommée « Heroes’ Day ». Kevin Garvey (Justin Theroux), chef de la police locale, s’oppose farouchement à cette idée : alors qu’elle refuse d’annuler, il part et lance, avant de claquer la porte, « Nobody’s ready to feel better ! ». Garvey entretient des relations difficiles avec ses deux enfants après la disparition de sa femme. Sa fille, Jill, lycéenne apathique, n'a pas supporté le départ de sa mère. Son fils Tom travaille pour un mystérieux gourou, Wayne, installé à la campagne, une sorte de guérisseur que viennent consulter ceux qui n’ont pas supporté la perte de leurs proches. La mère (Amy Brennenman), on l’apprend à la fin de l’épisode (attention SPOILER !) n’est en fait pas une des disparues, mais membre d’une secte, les G.R. ou "Guilty Remnant", autrement dit ceux qui ne supportent pas d'etre restés quand d'autres ont disparus. Une secte où l’on porte du blanc, où l’on vit ensemble, où l’on ne parle jamais mais surtout où l’on fume sans arrêt. Partout sur les murs de l’immense maison qui fait office de dortoir pour ces hommes et ces femmes, des slogans rappellent les raisons de ce mode de vie : « We are living reminders », « We don’t smoke for enjoyement, we smoke to proclaim our faith ».

     

     

     

    En fait, cette secte apparaît comme l’élément le plus intéressant de ce pilot puisque c’est elle qui vient s’immiscer dans la vie de ceux qui sont restés « normaux ». Leur apparition lors du « Heroes Day » provoque une véritable émeute. Voués à une étrange mission de recrutement, ils attendent patiemment, deux par deux et cigarette à la bouche, les hommes et femmes destinés à les rejoindre. Une de leur victime, la belle et sensible Meg Abbot (Liv Tyler), finit par intégrer leurs rang alors même qu'elle s'apprêtait à se marier...

     

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    En bref, ce pilot long de plus d'une heure remplit bien son rôle de cliffhanger géant ! Le mystère reste entier autour de ces individus qui ont choisi de vivre différemment la perte soudaine et violente des autres. Outre son coté fantastique, The Leftovers évoque avant tout notre comportement face au deuil. Comment revenir à la normale alors que plus rien n'est pareil ? Faut-il vivre dans le souvenir ? Peut-on avancer dans le déni ? Diffusée depuis le 29 juin dernier sur HBO, le pilot a enregistré près de 2 millions de vues aux US.


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  • Orange is the new black : le retour des détenues du pénitencier Litchfield. Moins de Piper, et plus de fun.

     

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    Les 13 épisodes de la seconde saison d'OITNB, disponibles sur la plateforme Netflix depuis le 6 juin dernier, étaient attendus par les fans depuis près d'un an. Netflix, bientôt disponible en France, s'est progressivement imposé, à l'image de Showtime ou d'HBO, comme créateur de séries originales qui ne passent jamais inaperçues : des fictions intelligentes, parfois dérangeantes, toujours addictives; et une recette qui marche : parmi les créations Netflix, on compte la brillante House of Cards, la sitcom Arrested Development et les prometteuses Sense8 et Narcos.

    Mais revenons à nos moutons : OITNB, c'est à la base l'histoire de Piper Chapman (Taylor Schlling), une jeune WASP de New York, qui mange bio, va au yoga et file le parfait amour avec son copain Larry. Seul problème : rattrapée par un passé trouble impliquant son ex-petite amie dealeuse, Alex Vause (Laura Prepon), Piper se retrouve condamnée à 13 mois de prison. Quelle suprise quand elle débarque à Litchfield, pénitencier de l'Etat de New York, et qu'elle y retrouve Alex (voir l'article sur la saison 1).

     

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    Ce qui change dans cette seconde saison, c'est qu'on s'éloigne de l'intrigue principale : autrement dit, Piper rentre dans les rangs même si elle ne perd pas en importance; ce sont plutôt les autres personnages qui en gagnent. Le fil conducteur de la série n'est plus le triangle amoureux Piper-Alex-Larry, puisque celui-ci a de toute façon été détruit à la fin de la première saison. En même temps, il aurait été difficile d'envisager un début de saison sans Piper, qui s'était sauvagement attaquée à la fanatique Pennsatucky (Taryn Manning) sous l'oeil complaisant de l'homophobe Sam Healy (Michael J. Harney).

    Le premier épisode est donc centré sur une Piper perdue, persuadée d'avoir tué Pennsatucky à force de coups. Transferée par avion à la Metropolitan Correctional Center de Chicago, elle découvre une autre prison, de nouvelles co-détenues qui vont lui faire regretter Litchfield. Surtout, elle s'aperçoit qu'elle n'a pas été punie pour le meurtre de Pennsatucky, toujours bien vivante, mais pour témoigner contre les dealers pour qui Alex et elle ont travaillé. L'épisode se termine sur l'ultime trahison d'Alex, qui sort de prison sous le regard désespéré de Piper.

     

     

    Dans le second épisode, OITNB nous ramène dans l'univers familier, presque trop sympathique, de la prison de Litchfield, où l'on retrouve Taystee (Danielle Brooks), Nicky (Natasha Lyonne), Red (Kate Mulgrew) et les autres. Alors que Red entre malgré elle dans le clan des vieilles détenues, on en apprend plus sur la vie de Taystee et de ce qui l'a amené en prison.

    Sur les deux premiers épisodes, OITNB tient largement ses promesses. L'innovation principale de cette seconde saison, c'est d'entrecouper les épisodes de flashbacks sur la vie des détenues avant leur enfermement, ce qui permet de donner une réelle profondeur à ces personnages parfois caricaturaux dans la saison 1. Le seul bémol selon moi, c'est qu'OITNB ne rend pas assez la difficulté de l'univers carcéral,si bien qu'on oublie parfois que les détenues sont des détenues, même s'il apparaît clairement que le but de la série n'est pas de dénoncer les conditions de vie et de traitement en prison.


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  • Fargo, le thriller tragi-comique des Frères Coen version série. Loufoque et accrocheur.

    A l’heure des remakes en série (Bates Motel, Rosemary’s Baby ou encore Hannibal), FX se lance dans la course avec Fargo, directement inspirée du film éponyme des Frères Cohen, prix de la mise à scène au festival de Cannes 1996. Producteurs exécutifs du projet, les deux réalisateurs ont voulu exploiter les possibilités offertes par le petit écran : plus qu’un remake, on a là une véritable réinterprétation, toujours fondée sur des faits réels, mais portée par des acteurs d’envergure : Martin Freeman (Le Hobbit) en loser incurable, Billy Bob Thornton (vu dans Intolérable Cruauté, des mêmes Frères Coen) en mercenaire sans limites et Allison Tolman en jeune détective particulièrement douée.

     

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    Fargo pourrait se résumer en quelques mots : une petite ville perdue dans le froid polaire du Minnesota, une communauté fermée où tout se sait, un étranger qui débarque et entraîne avec lui une série de meurtres violents. Son arrivée nocturne annonce la couleur : un homme quasi nu sort de son coffre et s’enfuit dans la nuit glacée, son corps congelé découvert le lendemain. Solitaire et taciturne, Lorne Malvo est un personnage opaque qui ne se dévoile jamais mais passe son temps à observer les autres. Cependant, il ne reste jamais simple spectateur : bien plus, c’est lui qui va déclencher les événements morbides qui vont suivre. Voyeur malveillant, il s’attache à pousser les autres à la vengeance : les opprimés, les victimes, ce qui « n’osent pas » et qui se font écraser. C’est ainsi qu’il fait la rencontre de Lester Nygaard, modeste employé d’une compagnie d’assurance. Personnage à la fois comique et pathétique, maladroit, agaçant mais touchant, il subit sans cesse les reproches de sa femme et de son frère. Jusqu’au jour où, sortant du travail, il croise le chemin de Sam Hess, gorille sans cerveau qui l’humiliait quotidiennement au lycée. Cette courte entrevue le mène à l’hôpital où se trouve aussi (par hasard ?) Lorne Malvo, immédiatement intrigué par la figure pathétique de Lester. De fil en aiguille, Lorne pousse Lester à s’avouer ses désirs les plus sombres, à franchir la frontière de la morale. Oui, il souhaite la mort de son ancien bourreau. Réalisant trop tard la portée de ses paroles, Lester comprend que l’empathique inconnu pourrait être un dangereux psychopathe. A partir de là, l’engrenage meurtrier est lancé et ne s’arrête plus. Si Lester est à demi coupable de la mort de Sam, le lavage de cerveau a fonctionné et sa colère longtemps enfouie éclate avec autant plus de force dans la suite de l’épisode.

     

     

    Fargo baigne dans une atmosphère unique, balancée entre lourdeur et légèreté. Lester fait rire et pleurer, Lorne est à la fois ignoble et fascinant. Ils forment un couple atypique et inattendu, à l’image de la talentueuse détective Molly Solverson (à noter le jeu de mots dans son nom : SOLVErson –elle va résoudre l’affaire-) et de son chef, Bill Oswalt, particulièrement stupide. Obstinée, Molly est la seule à soupçonner Lester et se montre déterminée à poursuivre ses recherches…

    En bref, avec un pilot qui dure près de 70 minutes, pour une première saison de 10 épisodes, Fargo la série risque bien de dépasser, voire surpasser, l’intrigue du film original qui ne dure que 2 heures. Malgré un premier épisode très accrocheur, des acteurs excellents et une esthétique travaillée, reste à savoir si la suite saura rester à la hauteur…


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  • Penny Dreadful : créatures monstreuses, vampires et autres scientifiques fous sont sur Showtime. Un mélange (d)étonnant !

     

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    Adepte des séries ancrées dans le réel, Showtime se lance maintenant dans le surnaturel avec Penny Dreadful, fiction étrange et angoissante qui interroge la rigidité de la frontière entre la vie et la mort. Servie par un casting de rêve, produite par le réalisateur Sam Mendes et créée par John Logan (duo à l'origine de Skyfall), Penny tient ses promesses : les décors somptueux d'un Londres plongé dans la fumée des usines de la fin du XIXe siècle baignent dans une ambiance mystique où il n'est pas étonnant de voir se rencontrer Dorian Gray et le Dr Frankenstein.
     
    Ce qui surprend au premier abord, c'est la rencontre de ces personnages fictifs au sein d'une même intrigue, l'association de Mary Shelley et d'Oscar Wilde, qui vient renforcer l'atmosphère d'étrangeté du récit. L'histoire principale tourne autour de trois personnages centraux : Vanessa Ives (Eva Green, la James Bond Girl de Casino Royale), sorte de Van Helsing au féminin ayant la fâcheuse tendance de se faire posséder par des esprits malins (scène de la séance de spiritisme dans l'épisode 2, mémorable), ses "partenaires" Sir Malcom (Timothy Dalton) et Ethan Chandler (Josh Harnett, vu dans le Dahlia Noir) excellent tireur mais alcoolique dépressif. Un trio inattendu donc, engagé dans une croisade sans pitié contre ces monstres affreux cachés dans la nuit des ruelles londoniennes.
     

    La première scène du pilot annonce la couleur : une petite fille se fait brutalement enlever sa mère par une créature invisible. Le lendemain, les policiers retrouvent leurs deux corps mutilés, leurs membres arrachés. Le problème, c'est que nos trois héros sont tout aussi flippant que les monstres qu'ils pourchassent : Vanessa Ives, en particulier, mi-ange mi-démon, qui malgré ses séances de prière frénétiques semble surtout se mettre au service du diable. Jeux de divination, séances de spiritisme, apparitions de l'au-delà et attaques de vampires se succèdent dans une délicieuse frénésie horrifique. Chaque mouvement de caméra, chaque craquement de parquet, chaque souffle un peu trop fort soulève des frissons d'appréhension.
     
    En bref, Penny Dreadful est un hommage au roman gothique, un mélange étrange mais très réussi entre la cruauté de Sweeney Todd, l'inventivité de Sherlock Holmes et l'insolence d'Adèle Blanc-Sec. Eva Green illumine la série par une interprétation parfaite : habituée des rôles de "méchantes", Miss Ives ressemble beaucoup à la terrible sorcière Morgane de Camelot, série diffusée sur Starz (et annulée après une saison en 2011).

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  • Black Sails : de gros moyens pour un résultat fade et sans surprise. Une série blockbuster qui divertit, sans plus.

    Après la guerre d'indépendance, nous voilà donc plongés au début du 18e siècle, l'âge d'or de la piraterie. La chaine Starz, concurrente directe de Showtime et HBO, connue pour ses distorsions historiques qui font rougir les spécialistes (l'excellent Spartacus, le moins bien The White Queen mêlaient effets spéciaux et magie noire...). Chaîne payante oblige, Starz a mis les gros moyens dans cette série diffusée dès le 25 janvier dernier aux US (et en France sur OCS Max) et produite par Michael Bay. Une seconde saison a été signée dès juillet 2013, et est prévue pour 2015.

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    Si la chaîne cherche évidemment la rentabilité, les pirates eux sont en quête d'un navire incroyablement riche parti droit de l'empire Espagnol et emmené par Vasquez, L'Urca de Lima, quête qui se transforme en véritable obsession pour le sensible capitaine Flint, (anti)héros au mileu d'un équipage qu''il peine à contrôler. Car les pirates sont avant tout égaux entre eux : ici, pas de ration en plus pour le capitaine, ni de traitement de faveur.

    Les personnages sont directement inspirés de la myhtique Ile au Trésor de Robert Louis Stevenson : le capitaine Flint (Toby Stephens, sosie de Michael Fassbender), c'est celui qui vingt ans plus tard ira dissimuler son énorme butin sur l'île. On y retrouve aussi le cuisinier, Long John Silver (Luke Arnold, un Jack Sparrow low cost), qui a ici un rôle clé puisqu'il détient la page du journal du bord indiquant la trajectoire du navire recherché. Aux personnages fictifs s'ajoutent des pirates dont l'existence est avérée, tels que la terrible Capitaine Vane ou encore la pirate irlandaise Anne Bonny. Le lieu de rencontre de ces malfrats, c'est Nassau, sur l'île de New Providence dans les Bahamas, haut-lieu de la piraterie où l'on croise au détour d'un bordel la légende Barbe Noire. Les pirates y négocient leurs prises à des entremetteurs qui se chargent de les revendre. 

     

    Le producteur a échoué dans sa volonté de se démarquer de Pirates des Caraïbes (le titre même est un clin d'oeil au fameux Black Pearl) affirmant pourtant vouloir réaliser une série plus réaliste et plus violente. En fait, on retrouve les mêmes personnages-types : l'opportuniste, sous les traits de John Silver, l'amoureuse mais dure à cuire Eleanor Guthrie (Hannah New) et le gentil quartier-maître Gates (Mark Ryan).

    En somme, si cette série ne laissera pas les férus de piraterie indifférents, le spectateur lambda lèvera les voiles. Avec un univers à mi-chemin entre Spartacus et Game Of Thrones, Black Sails aurait pu faire l'effet d'une bombe dans le monde des séries. A regarder si motivé, donc !


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