• Turn, nouvelle série de la chaîne américaine AMC : une peinture percutante de la guerre d'indépendance des Etats-Unis

     

    TURN

     

    Diffusée depuis le 6 avril dernier sur AMC, Turn apparaît comme la nouvelle série évènement de la chaîne qui produit également les célèbres The Walking Dead et Mad Men. C'est cette fois-ci l'acteur britannique Jamie Bell qui endosse le rôle d'Abraham Woodhull, jeune paysan pris au milieu de la guerre d'indépendance dans les années 1776-1777. Malgré son refus de s'engager politiquement, on le voit tiraillé entre son père, le Loyaliste (colon voué à la couronne anglaise) Judge Richard Woodhull, et ses amis d'enfance engagés dans la "résistance" américaine aux côtés du général Washington (connus sous les termes de Patriotes, Insurgés ou encore Congressistes). De fil en aiguille, "Abe" va finalement devoir choisir son camp, alors même qu'il habite Long Island, un "territoire occupé" par les troupes royales, et va faire le choix risqué de l'espionnage pour le compte des rebelles.

     

     

    Ici, les colons britanniques sont clairement représentés comme les méchants de l'histoire, notamment sous les traits du général John Graves Simcoe (Samuel Roukin, vu dans Bright Star, Be Happy) qui incarne tous les vices d'un colonisateur sadique et clairement immoral. Turn traite d'une période sombre de l'histoire américaine; les colons s'entretuent, se dénoncent, certains souffrent en silence quand d'autres prennent les armes. Au premier abord, la série peut sembler difficile d'accès; historiquement marquée, il vaut mieux la regarder en ayant quelques connaissances sur les évènements et les acteurs clés de la guerre d'indépendance. En effet, la série est centrée sur la fin des années 1770, alors que les Indépendantistes ont reculé face aux troupes anglaises qui ont investi  New York, Long Island et Staten Island, contraignant par là les armées du général Washington à se retirer au delà du New Jersey. En réalité, la série parle d'elle-même; malgré les changements constants de lieux, l'abondance de personnages et la complexité de leurs relations, on s'y retrouve assez vite. Le contexte historique, bien qu'important, n'est pas essentiel à la compréhension du discours que tient Turn.

    En fait, Abe Woodhull aurait très bien pu être résistant sous l'Occupation, membre du FLN luttant contre la domination française ou encore communiste dans l'Amérique Mac Carthiste des années 1950... On nous montre ici les implications d'un engagement politique secret, palpitant mais dangereux, où l'on risque sa vie à chaque instant, à chaque tentative de prise et de transmission d'informations.

     Je vous conseille donc cette série au pilot accrocheur et esthétiquement très réussie (le réalisme des décors et costumes impressionne). Turn est aussi portée par l'interprétation de Jamie Bell, qui a bien grandi depuis Billy Elliot ! Ironiquement, l'acteur anglais incarne ici un colon américain. Le pilot, diffusé le soir même du lancement de la quatrième saison de Game of Thrones a pourtant attiré plus de 2 millions de spectateurs, ce qui laisse penser que ce drame historique à l'américaine a un bel avenir devant lui.


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  • Helix, la nouvelle série fantastique de SyFy, ou quand la menace d'un virus mutant pèse sur une base scientifique en Arctique. Intense et flippant.

     

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    Diffusée depuis le 10 janvier 2014 sur SyFy, le treizième et dernier épisode de la saison est sorti le 28 mars dernier, date à laquelle la chaîne américaine a confirmé la production d'une seconde saison qui devrait voir le jour à l'hiver 2015. On connaît déjà SyFy pour ses séries pardois cheap, parfois un peu bancales, mais souvent intriguantes (c'était notamment le cas de Haven, inspirée d'un roman de Stephen King, et renouvelée pour une cinquième saison en janvier dernier). Helix fait partie de ces petites pépites qui surprennent d'autant plus qu'elle ne faisait pas, à première vue, preuve d'une grande innovation. 

    En effet, le pitch est très proche, si ce n'est similaire, à celui du célèbre The Thing (La Chose), film réalisé en 1982 par le maître du suspense et de l'horreur John Carpenter (Halloween, Christine...), sinon que la base ne se situe non pas en Arctique mais en Antarctique ! Si la chose de Carpenter est une forme d'invasion extraterrestre, l'helix de SyFy est quant à elle le résultat d'expériences scientifiques douteuses ayant mal tournées... Du coup, le principal vecteur de ce virus dévastateur, l'homme dépassé par sa propre création (Frankenstein quand tu nous tiens !), c'est le Dr Peter Farragut, qui se trouve être, pathos oblige, le frère du héros venu à la rescousse de ces pauvres scientifiques coincés au mileu de la banquise.

    Malgré des lieux communs (le héros tiraillé entre deux femmes, son ex-femme qui l'a trompé avec son frère...), la série nous tient en haleine par son rythme effrené. On suit la course du mutant dans les conduits d'aération comme on a suivi les jeux de cache-cache entre Ellen Ripley et la créature monstrueuse d'Alien: chaque mouvement de caméra effraie, on s'attend à voir surgir à chaque instant la silhouette presque animale, les yeux injectés de sang, d'un docteur devenu incontrôlable. 

     

     

    ► Helix fait peur, et ce malgré quelques défauts scénaristiques. Dans cette base qui constitue un microcosme fermé, une société miniature, l'irruption d'un virus mortel créée une véritable panique. S'ils sont tous scientifiques, ses habitants réagissent en humains qui veulent avant tout sauver leur peau : malgré les risques de contamination, certains demandent l'évacuation, alors qu'ils sont parfaitement conscients des risques que pourraient présenter, à terme, une ouverture du virus au reste du monde. En ce sens, Helix soulève une problématique bien actuelle : celle de la peur ambiante d'une pandémie mondiale, mais aussi celle des limites de la science et de son rapport à la morale. A noter : Helix débarque début mai sur SyFy France... Don't miss it !

     

     


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  • Arvingerne (The Legacy), le drame familial venu tout droit du Danemark. Une réussite.

     

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    Créée par Maya Ilsøe, les 10 épisodes (format de 58 minutes) d'Arvingerne produits par la chaîne danoise DR (diffusés dés décembre 2013) se sont vendus aux chaînes étrangères sans même un visionnage préalable du pilot... Et pour cause, la vague des séries nordiques, qui a submergé l'Europe et entraîné nombre de remakes (plus ou moins réussis) aux US, ne permet plus de douter quant à la qualité des productions scandinaves.

    En fait, Arvingerne (The Legacy en anglais) se veut plutôt intimiste. Ici, pas de meurtres glauques à l'image de Bron ou encore Forbydelsen ni d'intrigue politique subtile à la Borgen. La série propose d'aborder un sujet a priori banal, et donc forcément délicat, qu'est celui des relations familiales. Cette famille recomposée qui est ici mise en scène tourne autour d'un personnage central, la figure maternelle. Aimante, mais artiste avant tout, Veronika Grønnegaard vit pour son art, habitant depuis 40 ans dans une immense bâtisse perdue dans les bois, sur l'île danoise de Funen. Elle sculpte, dessine, crée à longueur de  journée. Dans le second plan de l'épisode, on la voit sortir de l'hôpital, l'air dépitée, comme si on venait de lui annoncer sa mort prochaine. A peine dehors, elle allume une cigarette, ce qui laisse comprendre au spectateur attentif que ce personnage ne sera pas dans le second épisode... Autour d'elle gravitent ses trois enfants, adultes marqués par une éducation atypique : le plus jeune exilé en Thaïlande, n'appelle sa mère que lorsqu'il a besoin d'argent, le second refuse de lui parler, l'aînée est, comme elle le dit elle-même à plusieurs reprises, la « secrétaire » d'une mère qui la sous-estime.

     

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    L'imminence de la mort de Veronika (surnommée « Grø » par ses enfants) se double d'un autre fil narratif, celui de sa rencontre (provoquée) avec Signe, jeune fleuriste d'une trentaine d'années que l'on comprend vite être sa fille. L'irruption d'une telle nouvelle va bouleverser la vie de Signe, d'autant que Veronika décide de lui léguer son immense demeure... On devine ainsi la confrontation entre les « enfants légitimes » et la fille cachée, qui malgré elle devient seule héritière (d'où le titre).

    Cette immense maison devient la scène d'un univers enfantin et rêveur, où seul l'art a sa place, un univers à la Wes Anderson ou à la Michel Gondry. En dehors de ces murs, la dureté du monde des adultes prend toute son ampleur : dans les couloirs froids de l'hôpital par exemple, où se déroule les dernières minutes de l'épisode.

     Si la première partie du pilot peine à se mettre en place, notre intérêt est éveillé dès que l'état de santé de Veronika se dégrade, et que Signe apprend les mensonges de ses parents. Mais j'arrête avec les spoilers et vous laisse le soin de découvrir par vous-même cette série très prometteuse... N.B : Les créateurs de la série citent Downton Abbey comme source d'inspiration mais également le chef-d'oeuvre danois Festen, film de Thomas Vinterberg sorti en 1998. 


     


     


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  • Black Mirror, où quand les écrans dictent nos vies. Choniques d'un futur proche ?


     

    Que dire de Black Mirror sinon que les trois épisodes que comporte la première saison m'ont complètement bluffé, dérangé, étonné, angoissé, et plus encore.. Tant d'adjectifs peuvent qualifier une série à la fois ancrée dans les temps modernes et projetée dans un avenir où les écrans sont partout, peuvent tout, savent tout. Les trois épisodes ne se ressemblent pas mais convergent vers un constat inquiétant : que restera t-il des relations humaines quand la technologie deviendra l'interface indispensable, omniprésente, entre les hommes? Quand les individus deviendront-ils esclaves des écrans, s'ils ne le sont pas déjà? Quand la mémoire numérique remplacera t-elle la mémoire humaine ?

     

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    Une série visionnaire 

    Si les épisodes sont totalement indépendants les uns des autres, ils mettent tous en scène une facette de ce monstre numérique que les hommes ont créé et dont ils ont perdu le contrôle. Dans le premier épisode ironiquement intitulé The National Anthem, le premier ministre britannique est soumis à un dilemme: sauver son honneur ou la vie d'une des membres de la famille royale, kidnappée par un terroriste à la demande de rançon pour le moins particulière. Ce dernier exige que le ministre ait un rapport sexuel avec... une truie, en direct à la télévision.

    A peine la cassette visionnée, la vidéo est postée par le ravisseur sur Youtube : au bout de quelques minutes, elle a déjà fait le tour des réseaux sociaux. Dès lors, la caméra se fixe sur le visage anxieux de Michael Callow (Rory Kinnear) qui jusque bout va croire à une solution de secours. La tension monte au fil de l'épisode, alors que le terroriste ne laisse aucune trace, trompant la police avec une facilité arrogante, et l'échéance arrive à son terme. Ici, internet devient un moyen de pression surpuissant, pouvant mettre le politique, le moral, la civilisation, à ses pieds. Ce sentiment est renforcé par la réaction voyeuriste de la population. Le moment du passage à l'acte forcé, les rues se sont vidées : tout le monde, seul, au bar, en famille, regarde la scène se dérouler.

     

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    Le second épisode, 15 Million Merits, se situe dans un univers dystopique à la Orwell. Les hommes évoluent au sein d'un microcosme multimédia, envahis d'écrans et d'images en continu : un univers totalitaire, où faire du vélo d'intérieur (chaque coup de pédale servant à alimenter la structure en électricité) est la principale activité. Le seul espoir qu'ont ces hommes de voir la véritable lumière de jour, c'est de devenir un Hot Shot, autrement dit de gagner une parodie de X-Factor qui les fera sortir de cette interminable routine.

    Le bourgeonnement d'une histoire d'amour, l'émergence des sentiments dans ce monde cruel et froid où vies réelle et virtuelle se confondent, nous font croire un temps à l'espoir d'une fin heureuse. En fait, l'épisode est dominé par une réflexion profondément réaliste et cynique sur l'univers de la téléréalité. Bing (Daniel Kaluuya) seul personnage doté d'un sens moral, finit lui-même par faire partie de ce système qu'il dénonçait haut et fort.

     
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    Le troisième et dernier épisode, The Entire History of You, aborde un thème différent, celui de la mémoire humaine, concurrencée (voire remplacée?) par la mémoire numérique. Le monde mis en scène est quasiment contemporain au notre. Seulement, chacun vit avec une puce implantée dans son oreille, qui enregistre tout ce qu'on voit ou entend, et qu'il est ensuite possible de visionner seul, ou en public.

    On suit les angoisses de Liam Foxwell (Toby Kebell) jeune avocat persuadé d'être trompé par sa femme, et qui va s'enliser dans une véritable psychose visuelle. Tout l'intérêt de cet épisode réside dans l'attachement excessif aux images qui remplace la singularité de la perception individuelle et de la mémoire du vécu. Les photos, les vidéos qu'on prend systématiquement de peur d'oublier sont-elles en passe de remplacer notre ressenti propre ? Nous dispensent-elles de se souvenir par nous-mêmes ?

     

    La série créée en 2011 par Charlie Brooker (véritable institution outre-manche) est pour l'instant composée de deux saisons, soit six épisodes au total (format de 60 minutes). Diffusée sur Channel 4, aucune diffusion n'est pour l'instant prévue en France. Heureusement pour vous, il y a l'option streaming. Un conseil, précipitez-vous !


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  • Call the midwife, ou le quotidien des sages-femmes de l'East End londonien. Décevant.

     

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    Continuons dans les séries british ! Après Broadchurch, Call the midwife  diffusées par BBC One a connu un succès sans précédent outre-manche, rassemblant dès la  première saison près de 10 millions de spectateurs. Actuellement sur D8 en France, la troisième saison inédite est sortie le 14 janvier sur la BBC.

    Dans le paysage grisâtre et brumeux  de l'Angleterre industrialisée de la fin des années 50, Call the Midwife suit le voyage initiatique de la sage-femme Jenny Lee (Jessica Raine). Jeune bourgeoise fraîchement diplômée en obstétrique, elle choisit d'aller exercer pour la première fois dans l'East End londonien, quartier le plus malfamé de la capitale, où immigrés, travailleurs pauvres et prostituées cohabitent dans la plus grande pauvreté. Le contraste apparaît d'emblée très fort entre l'innocence et la pureté qu'on lit sur le visage déjà mal à l'aise de la jeune femme aisée, tirant maladroitement ses valises jusqu'au couvent St-Nonnatus. et ce qui l'entoure. Embarrassée par les regards masculins qu'elle provoque sur son passage, sa gêne ne fera qu' amplifier au contact des femmes de ce quartier déchu, où l'argent manque mais où les enfants pullulent.

     

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    Malgré de très nombreuses qualités (le jeu des actrices et la reconstitution du quartier de l'East End de cette époque sont sans conteste des réussites), cette série m'a franchement laissé sur ma faim. Par son rythme, lent et décousu, le spectateur n'est pas véritablement incité à continuer. Chaque épisode se focalisant sur deux ou trois accouchements, on sombre vite dans la répétition, et donc fatalement, dans l'ennui. Si le discours que porte Call the midwife est loin d'être dénué d'intérêt, le mélo et le sentimental ont tendance à masquer la critique à la fois sociale et féministe qui devrait pourtant être au centre d'un tel sujet.

     En définitive, l'originalité du thème n'est malheureusement pas mise en valeur par une réalisation assez laborieuse. Malgré tout, je ne peux pas émettre un avis unilatéral sur une série qui met en scène ces femmes de l'ombre, sages-femmes qui ont très longtemps aidé à l'accouchement de millions de futures mères, avant d'être remplacées par les hommes, et la médecine moderne.


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